Lundi 5 février, Paul Chambon, Toxicologue, Professeur honoraire de la faculté de pharmacie de Lyon, a animé une conférence ayant pour thème "l'histoire des poisons à travers les âges".
Paul Chambon
(Présentation faite par Christine Gibert)
Je vous présente le Professeur Paul Chambon que j'ai rencontré avec son épouse au cours d'Italien et nous nous sommes aperçus que nous exercions la même profession de pharmacien, mais dans des domaines différents.
Le Professeur Paul Chambon, diplômé pharmacien et interne des hôpitaux, a commencé sa carrière comme biologiste en immunologie à l'Institut Pasteur de Lyon.
Après obtention d'une licence et de sa thèse, il a passé l'agrégation en toxicologie et a été nommé Professeur à la faculté de pharmacie de Lyon, où il a enseigné pendant 35 ans.
Nommé directeur du service des eaux à l'Institut Pasteur de Lyon, service qui a fusionné avec une structure privée : CARSO, où il a terminé sa carrière.
En parallèle, il a travaillé au ministère de la santé comme expert toxicologue pendant 3 ans, ce qui l'a amené à de nombreux contacts avec l'OMS, et le domaine de la grande distribution de l'eau.
Résumé de la conférence
L’origine des poisons
remonte au début de l’histoire de l’Homme qui, pour manger à sa faim, devait capturer
du gibier. Pour cela, il a utilisé très tôt des flèches empoisonnées qui, grâce
au poison, dont elles étaient enduites, tuaient l’animal visé.
Ensuite, au fil des
siècles, dans les différentes royautés anciennes et modernes, le poison a servi
surtout à éliminer des personnes indésirables, soit concurrentes, soit
ennemies.
Le poison est discret et
ne laissait pas de traces à l’époque.
Que ce soit chez les
grecs, les égyptiens, les romains, et par la suite, chez les différents rois en
Europe, le poison, dont l’arsenic, a été très largement utilisé, et ce produit
chimique était surnommé, "la poudre de succession", ce qui se passe
de commentaires.
Les empoisonnements à
l’arsenic étaient monnaie courante à la cour des rois de France entre le 14ème
et le 17ème siècle et ont connu leur apogée avec l’affaire des
poisons sous Louis XIV.
Plus près de nous, la
dernière affaire judiciaire qui a passionné la France, est l’affaire Marie
Besnard, dans la deuxième moitié du 20ème siècle. Celle-ci aurait assassiné une bonne
dizaine de personnes de son entourage
avec de l’arsenic, ce qui donna lieu à 3 procès successifs, retentissants.
À côté de l’usage
intentionnel des poisons, deux cas d’intoxications involontaires, sans doute
par ignorance, ont frappé l’imagination : c’est le cas des disparitions
brutales d’Agnès Sorel (15ème siècle) et de Diane de Poitiers (16ème
siècle), qui ont connu un épilogue surprenant et récent, en ce début du 2ème
siècle, où la toxicologie analytique a pu démontrer la cause de ces
empoisonnements.
Si les intoxications par
l’arsenic se sont raréfiées à l’heure actuelle, par contre, des poisons
nouveaux ont fait leur apparition, c’est le cas des toxiques extrêmement
dangereux, et actifs à des teneurs de quelques microgrammes, comme la ricine,
la dioxine, le novistock, le polonium. Ces produits servent à éliminer
définitivement les opposants politiques en Russie, et on en a eu des exemples
très récents.
Malgré les progrès de la
médecine, avec les possibilités de réanimation et le recours aux antidotes, on
reste à la merci de ces empoisonneurs d’un nouveau genre dont l’absence de tout
scrupule reste la marque.
Il faut espérer que, à
l’avenir, avant de se mettre à table, on ne sera pas obligé à faire appel à des
robots-goûteurs, successeurs des "esclaves goûteurs" de l’antiquité
pour détecter un poison éventuel.
La toxicologie a encore de
beaux jours devant elle !
Support présenté lors de la conférence
Ce support n'est accessible qu'aux membres du Club : ICI